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- 1 : La terre et les hommes - 1.4 : Annecy-le-Vieux et le lac
Annecy-le-Vieux

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Fermer 1 : La terre et les hommes

Fermer 2 : De la préhistoire à la naissance d'Annecy-le-Vieux

Fermer 3 : La paroisse et ses édifices religieux

Fermer 4 : Un moyen-âge obscur et difficile

Fermer 5 : 17ème et 18ème siècle : une image qui se précise et se durcit

Fermer 6 : La Révolution et l'Empire (1792-1815)

Fermer 7 : La Restauration Sarde (1815-1860)

Fermer 8 : De l'Annexion à l'urbanistion

Fermer Annexe 1 : La vigne et le vin

Fermer Annexe 2 : La famille de Menthon de la Balme au château de la Cour

Fermer Autres annexes

1 : La terre et les hommes - 1.4 : Annecy-le-Vieux et le lac
Le lac borde la commune sur deux kilomètres. Cette courte zone de contact a joué un rôle non négligeable dans l’histoire d’Annecy-le-Vieux.
Albigny est, avec Bredannaz, le seul village « pied dans l’eau » du tour du lac. La profondeur est faible. Annecy-le-Vieux n’aura qu’un « Petit Port » où seuls des bateaux de faible tirant d’eau peuvent accoster ; on sait que des tuiles fabriquées à Saint-Jorioz y étaient débarquées.
Annecy-le-Vieux pouvait-il servir de base d’attaque sur Annecy ? Les annéciens sont prudents : an 1491, craignant une attaque par le lac, les syndics d’Annecy font enlever et mettre en sûreté les bateaux stationnés à Albigny.
La renommée des pêcheurs d’Albigny est connue dès le 16ème siècle. Ils rayonnent sur le grand lac et ramènent dans leurs filets (ou « sennes ») des truites, perches, brochets, carpes et vairons.
Le poisson est une denrée appréciée à une époque de stricte observance du carême et des jours maigres. La pêche va donc être une activité strictement taxée et réglementée. Droit régalien, le droit de pêche sera affirmé par le comte de Genève à des particuliers ; il en coûtait aux pêcheurs une redevance annuelle de cinq sols par filet ; puis exploitée par les pêcheurs d’Albigny, son taux fut fixé à trente sols. La taille des filets et leur utilisation faisait l’objet de règles précises.
La vente de poisson était très surveillée. Il était interdit aux pêcheurs de vendre leur prise avant la « provision comtale », et même de se dispenser d’en fournir sur réquisition de l’hôtel du comte. Vers 1367, trois pêcheurs d’Albigny ayant refusé de vendre du poisson pour la venue du seigneur Barnabé, de Milan, durent verser deux livres d’amende de composition.
Enfin, il était interdit de vendre du poisson ailleurs que sur le pont Morens où l’on surveillait sa fraicheur ; les pêcheurs d’Albigny qui s’obstinaient à vendre directement leurs prises furent à nouveau condamnés à des amendes.
Cette activité s’est poursuivie au cours des temps : en 1832, on comptait à Albigny quatre pêcheurs professionnels.
    
Les crues du lac inondaient souvent les basses terres d’Annecy-le-Vieux, notamment lorsqu’une brusque fonte des neiges était suivie de fortes pluies. Ce phénomène naturel était parfois aggravé par l’éboulement des rives du Thiou qui bloquait l’écoulement des eaux. On a recensé vingt-six grandes crues de 1570 à 1860 ; la plus forte, en février1711, aurait atteint 3m10.
En 1801, le lac envahit une centaine d’hectares à Albigny ; les eaux croupissent dans les bâtiments qui n’ont presque tous qu’un rez-de-chaussée, les grains pourrissent, les prés sont sablés et limoneux. Le conseil municipal considère qu’il s’agit d’un fléau pour la santé des habitants et la salubrité des bestiaux, fléau dont il rend responsable « l’égoïsme des Annéciens ».
Cette argumentation n’émeut pas le préfet de 1812 qui demande le 15 décembre à la commune d’envoyer cent travailleurs et dix voitures pour participer au curage des canaux d’Annecy.
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Pour évacuer les crues, on a songé, au 19ème siècle, à construire un canal de la baie d’Albigny au Fier. Ce projet, qui aurait notablement modifié le paysage, resta sans suite. L’installation de vannes sur le Thiou, de 1870 à 1874, améliora la situation mais la nature reprend parfois le dessus, par exemple avec une crue de 1m75 le 26 novembre 1944.
Par grand froid, quand le lac gelait entièrement (par exemple en 1890), les Annéciens venaient patiner à Albigny.
Lorsque la nappe phréatique qui borde le lac s’élève, l’eau fait encore aujourd’hui son apparition dans les caves d’Albigny et jusqu’aux Pommaries.

Par temps de grande sécheresse, la population utilisait l’eau du lac : en 1906, les habitants ont dû aller chercher pendant quatre mois l’eau boueuse du lac pour s’alimenter et abreuver le bétail. Pour faire face à la sécheresse, on a envisagé quelque temps le projet bizarre de dériver une partie des eaux du Fier vers le lac par un tunnel sous la montagne.
Enfin, le lac a été utilisé comme lavoir à Albigny et aux Barattes jusqu’au début du 20ème siècle.
La baie d’Albigny a longtemps abrité l’une des deux plus importantes roselières du lac, avec celle de Doussard. Il en reste aujourd’hui quelques vestiges que les amis de la nature s’efforcent de revitaliser en les entourant de pieux enfoncés dans la vase. Les joncs et les roseaux du lac se prolongeaient sur la partie émergée par une zone de marais qui s’étalait largement au nord de la rue Centrale (ancienne route d’Annecy à Menthon).
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Des oiseaux migrateurs, grèbes et foulques continuent à venir passer l’hiver dans la baie d’Albigny qui a été classée réserve de chasse.
Depuis longtemps, on avait conscience que ces roselières protégeaient le rivage contre l’érosion des vagues. En 1984, on a constaté qu’elles avaient permis la conservation d’un site préhistorique sous-lacustre. Mais on a ignoré longtemps les autres fonctions de ces roselières, zones reproductrices de vie, station d’épuration naturelle, réservoir d’eau qu’elles restituent lentement, participant ainsi à la stabilisation du lac.
Pour les uns ces roselières étaient des lieux insalubres, des nids à moustiques. Au début du 19ème siècle, le « magistrat de Santé » de l’administration sarde voulait les faire couper car, en marchant dans les marais, on brassait des limons exhalant des miasmes dangereux. Les premiers touristes étaient promenés autour du lac dans des véhicules où ils lui tournaient le dos (chars de côté).
Pour d’autres, cette végétation entretenait la fraîcheur sur les bords du lac et empêchait le soleil de corrompre la vase. A ce débat d’ordre écologique s’ajoutait un aspect juridique : le lac appartenait au roi de Sardaigne (puis à l’état), tandis que ses bords avaient été concédés à des particuliers qui payaient une redevance annuelle.
Le fond du débat était d’ordre économique. Les paysans trouvaient au bord du lac de la litière pour les bêtes et utilisaient les roseaux comme engrais. Une exploitation agricole était incomplète si elle ne contenait pas quelques parcelles de marais si bien que la propriété des rives du lac était très divisée. Au début du 19ème siècle, les édiles d’Annecy-le-Vieux avaient dû rappeler l’interdiction d’envoyer les bêtes y pâturer.
Le romancier Eugène Süe, qui résida aux Barattes, décrit avec enthousiasme « ces vastes champs d’élégants roseaux, de quatre à cinq pieds de hauteur, d’un vert éclatant, balançant au vent leurs tiges élancées… C’est un gracieux tableau que ces grandes étendues de roseaux… envahies au moment de la coupe par des hommes, des femmes, des enfants qui viennent fauciller cette richesse et l’emportent en gerbes verdoyantes[1] ».
On pouvait y ramasser des limnées stagnales (mollusques), des anciles fluviatiles, des ambrettes (hibiscus à odeur d’ambre), ainsi que « l’égopode du goutteux » (ombellifère à vertu curative) et « l’herbe du pauvre homme[2] ».
Les baigneurs qui se pressent l’été sur la plage d’Annecy-le-Vieux[3] seraient peut-être surpris d’apprendre qu’au début du 20ème siècle, la baignade dans le lac était considérée comme dangereuse, parce qu’amollissante, autant qu’incongrue. On ne se serait jamais trempé dans le lac même pour un lavage sommaire.
A la fin du 18ème siècle, un médecin lui reconnaissait cependant des propriétés curatives : en 1793, le docteur Bigex, de La Balme de Thuy, prescrit au citoyen Patou, qui souffre de troubles urinaires, quinze jours froids dans le lac à onze heures les jours de soleil « jusqu’à ce que les dents craquent », précise t’il[4].
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Le dernier épisode des relations d’Annecy-le-Vieux avec le lac est une reconquête progressive du plan d’eau depuis la côte.
Déjà en 1852, l’architecte Ruphy, propriétaire aux Barattes, entreprend de combler les bords de l’eau pour pouvoir y accéder avec ses chevaux, ce qui mécontente les « boyandières » qui viennent y faire leur lessive.
Plus près de nous, c’est l’appropriation publique des rives, le remblaiement de la côte pour y construire l’avenue du Petit-Port, les installations nautiques. Et aussi la station de pompage à 27m de profondeur, et la belle usine des eaux de « La Tour ». Annecy-le-Vieux peut boire l’eau du lac ; elle n’est plus boueuse mais très pure.



[1] Süe (E.) – La marquise Cornelia d’Alfi ou les lac d’Annecy et ses environs. Paris 1852 – rééd.1978 (P. 6).
[2] Replat (J.) – Voyage au long cours sur le lac d’Annecy. Annecy . 1865 p.
[3] Selon une photographie aérienne du 15 août 1984, à quinze heures, la densité était de 12,48 baigneurs par 100m2 à la plage d’Albigny.
[4] Duret (P. A.) – La médecine dans le duché de Savoie au 18ème siècle. Thèse de doctorat. Lyon. 1984.

Date de création : 26/02/2010 @ 15:58
Dernière modification : 04/03/2010 @ 15:35
Catégorie : 1 : La terre et les hommes


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