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- 6 : La Révolution et l'Empire (1792-1815) - 6.3 : Questions religieuses : de la persécution au Concordat
Annecy-le-Vieux

Fermer Introduction

Fermer 1 : La terre et les hommes

Fermer 2 : De la préhistoire à la naissance d'Annecy-le-Vieux

Fermer 3 : La paroisse et ses édifices religieux

Fermer 4 : Un moyen-âge obscur et difficile

Fermer 5 : 17ème et 18ème siècle : une image qui se précise et se durcit

Fermer 6 : La Révolution et l'Empire (1792-1815)

Fermer 7 : La Restauration Sarde (1815-1860)

Fermer 8 : De l'Annexion à l'urbanistion

Fermer Annexe 1 : La vigne et le vin

Fermer Annexe 2 : La famille de Menthon de la Balme au château de la Cour

Fermer Autres annexes

6 : La Révolution et l'Empire (1792-1815) - 6.3 : Questions religieuses : de la persécution au Concordat
On peut lire dans une brochure de 1877[1] les lignes suivantes :
« Les deux églises (d’Annecy-le-Vieux) furent saccagées ; quand il ne resta plus rien, on creusa le sol où dormait la cendre des aïeux. Les noms de la Pesse, du Broël, de Menthon, de Gantellet, qui avaient leurs tombeaux dans les chapelles latérales excitèrent la cupidité révolutionnaire. Leurs tombeaux furent enfoncés. On alla jusqu’à distiller la terre sainte ; l’enceinte sacrée fut transformée en salpétrière. »
Nous n’avons pas trouvé confirmation de ces « scènes hideuses » dans les documents de l’époque. Ceux-ci apportent suffisamment de précisions pour que l’on puisse mesurer la gravité de la persécution qui régna à l’époque.
La « Constitution Civile du Clergé », apportée par les troupes françaises, prescrit que les prêtres doivent prêter serment de maintenir l’égalité et la liberté ou de mourir en les défendant. Les « réfractaires » qui refusent de prêter ce serment doivent quitter le territoire de la République. La très grande majorité du clergé savoyard refuse le serment, émigre ou se cache.
L’abbé Balthazard Morand, curé d’Annecy-le-Vieux, prête le serment. Monseigneur Panisset, évêque constitutionnel, fait de lui un de ses vicaires généraux. Très vite, il est en lutte à l’hostilité de ses paroissiens qui désertent les offices et le poursuivent de leurs invectives. Il envisage, en septembre 1793, de ne plus dire la messe ; le Conseil municipal l’en dissuade et promet de tout faire pour qu’il puisse « jouir de la tranquillité d’un bon citoyen ».
Le 21 janvier 1794, un arrêté met fin à l’exercice de la religion dans le département du Mont-Blanc. Le 7 février, l’abbé Morand renonce à ses fonctions de prêtre et vient s’installer au hameau du Bray. Il aurait, par la suite, regretté son attitude et accepté, pour pénitence, d’aller pieds nus jusqu’à Saint-Martin de Bellevue, de l’autre côté du Fier.
L’arrêté de janvier 1794 prescrit de démolir les clochers, ce qui est fait, notamment à Annecy et dans la vallée de Thônes. Le clocher d’Annecy-le-Vieux ne semble pas avoir été menacé, peut-être parce qu’il n’avait pas de « flèche pointue qui offensât l’œil républicain » (selon l’expression employée par le district d’Annecy).
Par contre, les cloches de la paroisse vont subir le sort commun. Elles sont descendues, brisées et envoyées à Annecy pour que leur bronze soit transformé en canons. Les cloches avaient une grande importance dans la vie d’alors : appel à la prière et aux offices, rythme de travail, rassemblement de la population, annonce des sinistres, convocation du conseil municipal. Leurs sonneries avait la réputation d’éloigner les orages.
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Le métal non employé sera rendu à la commune qui fera fondre une « cloche républicaine ». D’un poids de 700 kilos, cette cloche est ornée de deux bas-reliefs représentant le Christ en croix et la Vierge avec l’enfant Jésus. Elle porte l’inscription suivante (orthographe respectée) :
« An l’an 5 français je suis née
A ma voix les hommes pieux
Ecoutent l’ordre des cieux
Telle est ma destinée
Qu’à ma voix tout républicain
Ecoute un nouveau souverain. »
Cette cloche est l’œuvre de Jean-Baptiste Pitton de Carouge, qui est à l’origine de la vocation de la famille Paccard. Elle a été classée monument historique en 1937.
Le mur du presbytère conserve la trace d’un blason martelé qui fut peut-être celui d’un ancien curé, Jacques de Lornay[2]. Quant à la Vierge de Provins, elle aurait été mise en sûreté par des jeunes gens d’Albigny dans la maison de Nicolarde Salomon, puis reconduite processionnellement à la chapelle après la tourmente révolutionnaire.
La rigueur des mesures anti-religieuses va renforcer l’activité et l’influence des prêtres réfractaires qui se cachent chez des particuliers, travaillent avec les paysans et célèbrent clandestinement la messe. Une messe aurait été dite chaque jour à Annecy-le-Vieux ; un capucin baptisait à Albigny.
En 1797, un prêtre réfractaire, échappé du château de la Cour, se serait réfugié dans une maison de Provins. Il aurait échappé à ses poursuivants en se cachant dans une cheminée, tel un ramoneur[3].
Une hiérarchie parallèle de « missionnaires » qui n’ont pas prêté le serment se met en place. A Annecy-le-Vieux, le premier missionnaire connu est l’abbé Jacques Delachenal, natif de la commune. Arrêté en 1797, il est déporté à la Guyanne où il meurt le 5 décembre 1798.
La paroisse compte un autre prêtre réfractaire : le chanoine Aimé Mouchet, théologien, ancien professeur au Royal Collège d’Annecy. Il est l’oncle du maire Henri Croset. Le 1er avril 1793, il obtient un laissé-passer et se rend en Suisse puis au Val d’Aoste. Revenu à Annecy-le-Vieux, il est arrêté ainsi que le maire. De retour une nouvelle fois, il est considéré comme le « missionnaire » de la paroisse. Il est autorisé à y résider sous surveillance, compte-tenu de ses soixante et onze ans et de son état de santé. En 1800, la commune fait savoir au préfet qu’il ne trouble en aucune manière l’ordre public et qu’on ne le voit jamais accomplir une fonction de culte.
En cette même année 1800, il semble que l’on se cache de moins en moins pour célébrer la messe. Le 28 floréal an VIII, le préfet écrit au maire d’Annecy-le-Vieux : « Il m’est parvenu des renseignements que les cy-devants jours de fête, il se formait des rassemblements considérables dans votre commune aux heures que se célébrait cy-devant le service divin. Vous n’ignorez pas que, quoique la forme du gouvernement ait changé, les lois concernant la police des cultes ne subsistent pas moins ». L’avertissement est poli et, probablement, sans illusions.
En 1801, le Concordat rétablit la paix religieuse. Le chanoine mouchet est remplacé dans son rôle de missionnaire par un ancien Chartreux, l’abbé Morel. En 1803, le conseil municipal demande à l’évêque de Chambéry de le nommer curé car, « dans les temps les plus orageux de la persécution que vient d’éprouver la commune, … il n’a pas participé aux horreurs dont quelques insensés se faisaient gloire ».
L’évêque préfère désigner l’abbé Jean-Marie Carron que le vieux chanoine Aimé Mouchet va introniser comme recteur de Saint-Laurent. Son ministère paraît avoir été calme sauf qu’il s’est vu reprocher d’avoir, avec quelques autres habitants du chef-lieu, coupé un noyer au pré de la Danse pour se chauffer. Le conseil municipal veut bien ne pas lui en tenir rigueur et lui laisse le soin d’estimer le dédommagement à verser à la commune.
L’abbé Morel succède à l’abbé Carron en 1813, ce qui répond aux vœux exprimés dix ans plus tôt par les paroissiens. Sous la restauration sarde, il se rendra célèbre par ses démêlés avec la commune.
 
Celle-ci, propriétaire des biens paroissiaux, doit faire face à de nombreuses dépenses : rachat d’objets pour le culte, réparation du sol de l’église sous lequel certains paroissiens s’obstinent à enterrer leurs défunts, inondation de l’église par des eaux venant du haut de la colline. Il faut 3000 tuiles pour « regotoyer » le toit de Saint-Laurent ; il faut refaire le mur du cimetière où toutes sortes de bestiaux viennent fourrager.
Cela fait bien du travail en perspective pour le « Conseil de Fabrique » chargé désormais de veiller à l’entretien des bâtiments et à l’administration des aumones. Ce conseil, nommé par le préfet dansq l’été 1803, est composé de Paul de Livet (héritier de la famille de Menthon), Joseph-Bernard Falquet et Jean Duparc.


[1] CH.( J). Notre Dame de Provins (paroisse d’Annecy-le-Vieux) Annecy 1877.

Date de création : 03/03/2010 @ 15:21
Dernière modification : 12/03/2010 @ 16:43
Catégorie : 6 : La Révolution et l'Empire (1792-1815)


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