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- 5 : 17ème et 18ème siècle : une image qui se précise et se durcit - 5.2 : Cultivateurs et propriétaires
Annecy-le-Vieux

Fermer Introduction

Fermer 1 : La terre et les hommes

Fermer 2 : De la préhistoire à la naissance d'Annecy-le-Vieux

Fermer 3 : La paroisse et ses édifices religieux

Fermer 4 : Un moyen-âge obscur et difficile

Fermer 5 : 17ème et 18ème siècle : une image qui se précise et se durcit

Fermer 6 : La Révolution et l'Empire (1792-1815)

Fermer 7 : La Restauration Sarde (1815-1860)

Fermer 8 : De l'Annexion à l'urbanistion

Fermer Annexe 1 : La vigne et le vin

Fermer Annexe 2 : La famille de Menthon de la Balme au château de la Cour

Fermer Autres annexes

5 : 17ème et 18ème siècle : une image qui se précise et se durcit - 5.2 : Cultivateurs et propriétaires
L’espace céréalier tient une grande place à Annecy-le-Vieux. Au début du 18ème siècle, 480 hectares – soit plus du quart de la superficie de la commune – sont cultivés en froment, seigle, orge et avoine ; des sols peu fertiles sont emblavés à la limite de la rentabilité.
La jachère est en général d’un an sur deux. A Annecy-le-Vieux, on fait trois labours au cours de l’année de jachère ; la charrue gratte la terre plus qu’elle ne la laboure. L’usage de la faucille rallonge le temps de la moisson ; la faux, à laquelle on reproche de faire tomber les grains, s’implante difficilement. Le secrétaire de la paroisse estime le rendement moyen à trois pour un : « trois vaisseaux pour un de semature » ; dans le même temps un propriétaire l’estimera à cinq pour un.
Les sols les plus fertiles d’Annecy-le-Vieux produisent à l’hectare une coupe et demi à deux coupes de froment (soit 4,5 à 6 hectolitres) ; les plus mauvais donnent 2,58 hectolitres (et 3,11 hectolitres s’ils sont emblavés en avoine).
L’étude des baux de la ferme du château de la Cour en 1729-30 montre l’existence d’un système assez complexe[2].
Dans un premier temps, la ferme est attribuée aux enchères à deux bourgeois d’Annecy, Bernard Rossillon et François Favre, pour 9 ans, sous la cense annuelle de 900 livres et 4 paires de chapons gras, payables pour moitié à Noël et pour moitié à la Saint-Jean-Baptiste. Diverses clauses régissent leurs obligations en ce qui concerne la clôture des biens, la plantation et la coupe des arbres, leur protection contre le bétail, la culture de la vigne, l’entretien des bois, etc. qu’ils ont trouvé au début.
L’année suivante, les sieurs Rossillon et Favre « acensent » (louent) le grangeage de Lachat aux honorables Jean et François Deronzier, père et fils de Villaz, pour la cense annuelle de 35 coupes de froment, 6 chapons gras et « deux journées à charrue avec les bœufs » ; la cense est payable à la Saint-André et portée au château de la Cour. Suivent les mêmes clauses que celles faites aux fermiers (cf ci-dessus). A la fin du bail, ils rendront les 200 livres qui leur ont été remises à l’entrée pour acheter des bœufs, ainsi que deux vaches et deux génisses.
Un autre contrat, de métayage celui-là, est conclu pour six ans entre Claude-Joseph Mauris, bourgeois d’Annecy, et le grangier Jean Damedier, au hameau du Crêt. Il concerne une maison avec une grange, un four, un cellier, des terres, prés, vignes et verger. Damedier doit au maître la moitié de la récolte.
Il doit entretenir les bâtiments et les toitures, remonter la terre le long des versants, drainer les prés, empêcher les bêtes de divaguer, protéger clôtures et bornages. Il lui est défendu de couper un arbre sans l’accord du propriétaire qui fournit tous les ans les sauvageaux de remplacement, à planter à l’endroit indiqué. Il fume le « curtil » (jardin) du maître, cueille les légumes et les fruits que celui-ci s’est réservés, et vient les livrer à domicile en ville, en même temps que le bois, le grain et le vin ; ce jour-là il est nourri à la cuisine.
Le lait des vaches est réparti à raison de trois jours pour les patrons et trois pour les grangers. En cas de vente, le profit des cochons et de tout le bétail – plus value et petits ou « nourrain » - est partagé est partagé à « mi-croix » (par moitié). Pour les sept poules remises en début de bail, Damedier livre chaque année 8 douzaines d’œufs, 4 chapons et une paire de poulets. Il doit enfin apporter à Annecy deux gerbes de paille pour les lits[3].
Le détail de ces clauses illustre la vie paysanne de l’époque. Leur rigueur et leur complexité expliquent la difficulté des relations entre propriétaires et grangers ; ces derniers renouvelaient rarement le bail, quand ils ne le rompaient pas avant l’échéance. Voici deux exemples de conflits, le premier entre le fermier ducal et les habitants d’Annecy-le-Vieux, le second entre l’avocat annécien Nouvellet et le granger Claude Mottaz.
En 1696, des habitants d’Annecy-le-Vieux portent plainte contre « les concussions, malversations et désordres » survenus dans la paroisse pendant la guerre (contre Louis XIV). Les « plus gros de taille » ont profité de la confusion du cadastre pour ne pas payer. Le fermier ducal Henry Neyrod, gros acquéreur de biens est particulièrement critiqué ; on lui reproche des violences verbales et physiques contre les paysans qui ne veulent pas « lui laisser prendre l’avoine à sa fantaisie » ; il aurait exigé des droits d’affouage deux fois plus forts qu’auparavant et utilisé des mesures falsifiées (mesures de Chambéry au lieu des mesures d’Annecy…).
En 1721, le granger Claude Mottaz, d’Annecy-le-Vieux, se voit reprocher par son propriétaire, l’avocat Nouvellet, tout ce qu’il fait et ne fait pas : une vache est morte par sa faute car il l’a attelée à la charrue, il a laissé aigrir une sommée de vin rouge appartenant au maître, il n’a pas remonté convenablement les terres, il a brulé plus de bois que la quantité autorisée, n’a pas ensemencé toutes les terres, a mal entretenues les haies, etc. On a surpris sa femme en train de « fourrager » dans les vignes avant le ban des vendanges. Il a même caché dans sa grange deux sacs de « poires Girod »… ce qui laisse planer bien des soupçons sur tout le reste[4]
.
Le même Nouvellet est accusé par un certain Sage, « du village des Laurents », d’avoir fait mettre le feu à des maisons qu’il convoitait pour les racheter à vil prix. Et, en fait, en 1730, Nouvellet est propriétaire de deux maisons « du village des Laurents ».


[1] Nicolas (J.) – La Savoie au 18ème siècle. Noblesse et bourgeoisie. Paris 1978. passim
[2] Archives départementales de la Haute-Savoie (A.D.H.S.). Fonds Gerbais de Sonnaz.
[3] Nicolas (J. et R.). La vie quotidienne en Savoie aux 17ème et 18ème siècle. 1979. P. 14.
[4] Ibid. P. 17.

Date de création : 03/03/2010 @ 14:58
Dernière modification : 03/03/2010 @ 14:58
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